Par Doudou Sidy Malick NDIAYE
Le samedi 27 juin 2020, les pays de l’Union Européenne se seraient se prononcés sur l’ouverture de l’espace Schengen à partir du 11 juillet 2020. Il s’agit d’interdire aux ressortissants de certains pays l’entrée sur leurs territoires. Cette liste élaborée sur la base de «pays à situation épidémiologique similaire avec l’Europe» stigmatise encore une fois l’Afrique subsaharienne, à l’exception du seul « bon élève », le pays du « fort de caractère » Kagamé.
Seuls 4 pays africains admis dans l’espace Schengen
A part le Rwanda, seuls 3 autres pays africains figurent dans la liste des « autorisés ». Il s’agit de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie .
Plusieurs critères épidémiologiques ont été fixés pour qu’un pays soit sélectionné, notamment un taux de nouveaux cas de Covid-19 proche ou en dessous de la moyenne dans l’UE qui est de 16 pour 100.000 habitants sur les 14 derniers jours.
Des vols de compagnies européennes vers l’Afrique
Au même même, plusieurs compagnies aériennes européennes annoncent les unes après les autres, les reprises de leurs vols intercontinentaux vers les pays africains, pourtant dans la liste des pays dont les ressortissants sont interdits de fouler le sol européen: Sénégal, Nigéria, Congo RDC, Côte d’Ivoire, Kenya, Angola, Ghana, Tchad, Centrafrique, Gabon, etc.
« Corsair annonce la reprise de ses vols à destination de la Côte d’Ivoire la semaine du 06 juillet avec deux rotations la première semaine. Puis, à partir du 13 juillet, la compagnie desservira Abidjan sur la base de trois vols hebdomadaires, les mardi, jeudi et dimanche avec une montée en puissance progressive », a-t-on pu lire dans un communiqué de la compagnie française.
C’est l’Europe qui a « infecté » l’Afrique
On se rappelle également que l’Afrique était épargnée durant les premiers mois de la pandémie: plusieurs pays africains ont importé le virus des capitales européennes à travers les mouvements d’avion. Lorsque, le 25 février 2020, l’OMS déclarait le Risque de pandémie et affolant les marchés financiers, et que le lendemain, le nombre de nouveaux cas dans le monde dépassait ceux en Chine, le Sénégal annonçait une semaine plus tard son premier cas de nouveau coronavirus : un Français qui a séjourné en France en février avant de revenir au Sénégal et qui a été mis en quarantaine à Dakar. C’était juste le deuxième cas confirmé en Afrique subsaharienne après celui détecté au Nigeria. Un …Italien qui revenait également de son pays d’origine. Ils ont été pris en charge de la meilleure des manières.
Le Gabon réagit
Les autorités de ce dernier pays n’ont pas tardé à réagir. En effet, le gouvernement gabonais n’a pas attendu longtemps pour imposer la réciprocité aux ressortissants de l’Union européenne désirant se rendre au Gabon.
Dans une note aux Ambassades des pays de l’Union européenne datée du 1er juillet 2020, le gouvernement du président Ali Bongo a informé de la mesure de suspension des visas pour tous les ressortissants des 27 pays concernés, précisant que c’est en application du principe de réciprocité.
Le Sénégal lui emboîte le pas
« Suite à la décision de l’Union européenne de bannir le Sénégal de la liste des pays autorisés à voyager dans son espace, l’Etat du Sénégal à travers le Ministre Alioune SARR a pris la décision suivante : réouverture du ciel aux vols internationaux : le Principe de la réciprocité sera applicable à tous les États ayant pris des mesures à l’encontre du Sénégal » a-t-on pu lire d’un communiqué signé ce 1er juillet 2020 par le ministre sénégalais du Tourisme et des Transports aériens, M. Alioune SARR.
On ne peut pas aller chez vous, alors vous ne venez pas chez nous non plus
Paradoxalement, les pays du Maghreb, « autorisés », ne sont pas mieux lotis que les pays de la CEDEAO par exemple, eux « interdits ».(Voir carte).
L’UE a promis d’actualiser sa liste le 15 juillet prochain. Espérons que d’ici là, les pays Africains auront soit fait revenir l’Union européenne sur cette décision pour ce qui les concerne, sinon tous, suivi l’exemple du Gabon.
A en croire nos confères de Connectionivoirienne, un diplomate gabonais n’a pas pu cacher sa colère: « notre gouvernement a pleinement raison parce-que les Européens ont tendance à rabaisser nos États africains, notamment la France vis à vis de ses anciennes colonies. Sinon c’est trop facile. On ne peut pas aller chez vous, alors vous ne venez pas chez nous non plus. » En tout état de cause, si l’Afrique a besoin de l’Europe, le contraire est tout aussi valable. «L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant», disait disait le Président Omar Bongo à Libération en 1996. Dans le sens de l’ultimatum que Abdou Latif Coulibaly (actuel porte-parole de la Présidence de la République du Sénégal) lançait à haute voix, en présence de votre serviteur, à l’intérieur du Consulat de France, au début à l’automne 2000 « La prochaine fois que je viendrai ici sans recevoir mon visa, vous ne me verrez plus, et ce n’est pas moi qui y perdrais au change, car c’est votre pays qui a besoin que j’y aille et non le contraire ». Foula mooy diaay dakhaar