Un symposium scientifique et des actions de culture scientifique
Un symposium scientifique
© IRD/ L. CorsiniAffiche du symposium
Les 25 et 26 février 2014, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) accueille le symposium » Niakhar : 50 années de recherche en population et santé. Une centaine de participants (chercheurs, doctorants, enquêteurs, acteurs du développement, décideurs politiques…) seront réunis pour dresser le bilan de 50 ans de recherche en coopération et envisager les perspectives futures. Ils présenteront les apports des suivis réalisés dans les domaines de la démographie, de la santé et de l’environnement. Ils aborderont également le rayonnement régional et international de l’observatoire, les évolutions technologiques et méthodologiques, la plateforme d’essais cliniques ainsi que les questions d’éthique de la recherche.
Des actions de culture scientifique
De nombreuses manifestations de culture scientifique seront proposées au grand public toute l’année. L’ exposition ethno-photographique Mémoires en partage , réalisée par l’IRD dans le cadre du programme Traces et lieux de mémoire de la recherche médicale en Afrique (MEREAF) 1, sera présentée lors du symposium à Dakar, avant de circuler dans les villages de la zone de Niakhar. Elle « s’intéresse aux traces affectives et matérielles qu’ont laissées cinq décennies de recherche scientifique dans les trajectoires de vies et les histoires familiales des habitants » de Niakhar.
Par ailleurs, un séminaire de restitution des résultats scientifiques sera organisé à la station de Niakhar fin 2014, à l’attention des responsables locaux. Parallèlement, une caravane de restitution parcourra les villages de la zone d’étude. Grâce à des projections vidéos et au théâtre forum , les chercheurs expliqueront le fonctionnement de l’observatoire et l’intérêt des enquêtes menées auprès des populations. Enfin, des activités culturelles et sportives seront proposées au public scolaire.
Le plus ancien système de veille sanitaire et démographique d’Afrique
© IRD/ Cliché Casset, fonds RambaudVisite du président Léopold Sédar Senghor à l’Orstom en 1970
Fondé en 1962 par Pierre Cantrelle, médecin démographe de l’Orstom (devenu IRD), le site d’étude de Niakhar est située à 155 km de Dakar, dans le département de Fatick. Créé au lendemain des indépendances, il avait pour objectif initial d’obtenir des données démographiques et épidémiologiques fiables sur une population africaine en milieu rural , utiles aux scientifiques, aux populations et aux décideurs. Le choix de cette zone d’étude a été motivé par la représentativité de cette région sahélienne africaine, en forte croissance économique (Niakhar était à l’époque au centre du bassin arachidier sénégalais, ressource agricole majeure).
Après avoir évolué de nombreuses fois, les limites actuelles de la zone d’étude ont été circonscrites par Michel Garenne en 1983. Elle se compose de 30 villages (dont 8 suivis depuis 1962) répartis sur 203 km2, dont l’effectif de population est passé de 23 000 à 44 000 entre 1983 et 2013.
Les données recueillies ont été traitées manuellement jusqu’en 1982, date des premières informatisations. En 1987, la mise en place de programmes vaccinaux et épidémiologiques (concernant en particulier la nutrition) a nécessité, sur une période de 10 ans, le recours à une surveillance longitudinale plus serrée.
© IRD/ L. CorsiniCarte montrant la zone d’étude de Niakhar
Des études pluridisciplinaires et des résultats scientifiques majeurs
Les données analysées par les chercheurs de l’observatoire de Niakhar depuis les années 1960 sont recueillies grâce à des enquêtes fines et régulières (trimestrielles, annuelles ou ponctuelles) réalisées auprès des ménages des 30 villages de la zone d’étude.
© IRD/ V. DelaunayEnquête de terrain dans le cadre de l’observatoire de Niakhar
Depuis 50 ans, un réseau d’enquêteurs, formés dans le cadre de l’observatoire, va à la rencontre des habitants et enregistre les données sur les événements démographiques (grossesses, naissances, mariages, décès…), sanitaires (santé de la reproduction, maladies, nutrition…) et environnementaux (pluviométrie, remplissage des mares…) qui se sont produits depuis la précédente enquête.
Toutes les informations récoltées sont ensuite stockées dans une base de données informatisée régulièrement mise à jour. Un système de supervision (suivi des enquêteurs, contre-visites) et de contrôle de cohérence durant les différentes phases de production des données est mis en place, pour assurer la fiabilité des données. Le recueil de données se fait depuis 2007 grâce à outil informatique.
Par ailleurs, des enquêtes spécifiques sont menées par les équipes de recherche dans des disciplines diverses (économie, anthropologie, géographie, histoire, épidémiologie, paludologie) et conduisent à accroître la connaissance du milieu et de la population.
Ce dispositif de coopération franco-sénégalaise pérenne a permis d’effectuer un suivi sanitaire, économique, social et environnemental sur plus de deux générations . Il constitue un patrimoine scientifique unique, offrant une plateforme d’investigation aux chercheurs et aux populations.
© IRD/ Y. ParisLaboratoire de l’observatoire de Niakhar
Au fil du temps, les travaux menés dans le cadre de l’observatoire de Niakhar ont contribué à tester l’efficacité d’un certain nombre de vaccins spécifiques aux formes africaines de la rougeole, de la coqueluche et de la méningite, ainsi que des traitements d’affections tropicales. Ces recherches sont également à l’origine de découvertes scientifiques majeures : première mesure de l’impact de la résistance à la chloroquine sur la mortalité palustre en Afrique (1998) ; premier essai clinique sur la chimioprévention du paludisme saisonnier (Seasonal Malaria Chemoprevention -SMC), qui a permis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de recommander cette stratégie en mars 2012 pour le contrôle du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans dans les zones de transmission saisonnière forte du Sahel.
Recherches actuelles et perspectives
Niakhar est l’un des sites pionniers parmi les observatoires communément nommés « sites de surveillance démographique et de santé » (Health and Demographic Surveillance System ). On dénombre aujourd’hui 49 sites dans 40 pays d’Afrique et d’Asie, constitués en réseau ( INDEPTH-Network 2), permettant de renforcer la visibilité des actions et de décupler les potentialités de recherche.
S’ils ne fournissent pas de mesures représentatives à grande échelle, ces sites « sentinelles », permettent néanmoins de couvrir la diversité épidémiologique du pays. Ils donnent des indications sur les tendances de la mortalité, les causes de décès, et permettent d’étudier les facteurs et les mécanismes des évolutions sanitaires.
Les données collectées offrent la précision nécessaire aux essais cliniques qui exigent une rigueur extrême. Elles permettent la mise en œuvre d’essais méthodologiques , notamment pour l’étude des populations (amélioration des outils des enquêtes nationales, du recensement, de l’état civil). Dans le domaine de l’environnement, elles sont utilisées pour mettre en relation les évolutions sociales et familiales avec les changements environnementaux suivis sur le long terme.
Aujourd’hui, le site de Niakhar accueille toujours des essais cliniques mais aussi des programmes interdisciplinaires novateurs , tant d’un point de vue méthodologique 3, que dans les domaines des changements climatiques 4 et de l’écologie 5.
Enfin, le cinquantenaire de l’observatoire est l’occasion pour les partenaires français et sénégalais de réfléchir ensemble à la mise en œuvre d’un véritable observatoire de recherche pluridisciplinaire « Société-Santé-Environnement » .
1. Financé par l’ANR et conduit par l’UMI 233 TransVIHMI(IRD, Université Montpellier 1, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Université de Yaoundé), l’Université Paris-Diderot, la London School of Hygiene and Tropical Medicine et l’Université d’Amsterdam.
2. International Network of Demographic surveillance systems.
3. Projet MADAS, qui vise à estimer la mortalité des adultes en Afrique subsaharienne ; projet Réseaux sociaux et santé à Niakhar ( ReSo).
4. Projet ESCAPE, qui a pour objectif d’évaluer les vulnérabilités, les résiliences, les dynamiques des systèmes de production et des systèmes de vie des populations rurales face aux changements environnementaux et sociétaux ; projet Alerte aux canicules au Sahel et à leurs impacts sur la santé (ACASIS).
5. Projet Auto-adaptation des agro-socio-écosystèmes tropicaux face aux changements globaux ( CERAO).
- Pays : Sénégal
« Conversation avec Pierre Cantrelle », fondateur de l’Observatoire de Niakhar, un film réalisé par Doris Bonnet
Ce film intitulé « Conversation avec Pierre Cantrelle » , réalisé en 2013 par Doris Bonnet (avec la collaboration de Bernard Surugue), évoque les enquêtes que le démographe, médecin, nutritionniste, a réalisées en Afrique de l’ouest à la fin des années 1950, ainsi que la création de l’observatoire de population de Niakhar en 1962 au Sénégal. Pour suppléer une absence d’Etat civil, Pierre Cantrelle a mis en place les premières enquêtes « à passages répétés » en Afrique subsaharienne dans le cadre d’un recueil de données démographiques et épidémiologiques sur la santé de l’enfant. Dans le film, qui comporte aussi des photographies de Niakhar, il rappelle son expérience sur le terrain, en particulier au cours d’enquêtes sur la rougeole et le choléra.
Ce film représente un document pour tout étudiant, chercheur ou professionnel de la santé intéressé par l’histoire de la recherche scientifique et celle de la médecine en Afrique subsaharienne.
Doris Bonnet, réalisatrice du film, est anthropologue, directrice de recherche à l’IRD et membre du Centre Population et Développement (CEPED) .
Le ministre du Logement, de l’Habitat et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, a profité de la cérémonie de lancement de la campagne d’inscription pour rappeler l’importance du logement pour les populations. «Tout travailleur, quel que soit son revenu, a droit à l’accès à un logement et à un prix abordable. C’est une question de justice et d’équité sociale», a-t-il relevé.
Le programme de construction de 100 mille logements va permettre aux bénéficiaires de se loger en s’acquittant du paiement d’une contrepartie appelée « dépense acquisitive », en vue de l’acquisition définitive du logement qu’ils occupent. «Tout le défi aujourd’hui est d’arriver à faire évoluer le taux d’acquisition de logements des ménages à revenu faible ou irrégulier grace à la formule de la location-vente, sur dix, quinze, voire vingt ans ou plus», a souligné M. Fofana. Sur les cinq années prévues pour la construction des logements, le ministre a fait comprendre que l’initiative devrait avoir une incidence de quelque 1.000 milliards de francs CFA sur le produit intérieur brut du Sénégal et pourrait générer un million d’emplois.