La Fondation Mamadou Dia pour l’économie humaine a tenu récemment, à Paris, son premier colloque programmatique international. Plusieurs sommités étaient au rendez-vous du donner et du recevoir.
C’est en juillet 2022, à Dakar, que la Fondation Mamadou Dia pour l’économie humaine a été lancée au cours d’une grande rencontre constitutive. Moins de deux ans, elle vient d’organiser le 31 mai dernier, à Paris, son premier colloque programmatique international. Il s’agit pour la Fondation de créer une structure en mesure de rassembler les témoignages stratégiques et méthodologiques procédant de l’étape de transition entre la situation coloniale et l’accession à l’autonomie, puis à l’indépendance sous l’inspiration du premier chef de gouvernement du Sénégal qui se libérait de la tutelle antécédente.
Mamadou Dia s’appuyait sur la nécessité d’instaurer une politique de démocratie orientée vers le développement participatif. Le travail réalisé pendant ces cinq années fondatrices s’est révélé exemplaire, alors que la crise de fin 1962 aboutissait à mettre à l’ombre ces précieuses expériences et éliminait le grand Maodo meneur du jeu. Son installation à Dakar a permis d’identifier un grand réseau de partenariats débouchant sur la tenue d’une première rencontre programmatique, en relation avec l’Académie des Sciences d’Outre-Mer avec laquelle s’est établi un partenariat de voisinage, indique l’organisation.
Il s’agissait d’établir un premier inventaire des ressources répondant à la voie ouverte par Mamadou Dia pour identifier un ensemble de compétences utiles et d’expériences en mesure de mettre à la disposition des nouvelles politiques de développement démocratique des bases d’actions et de formations cohérentes. Cette perspective avait été préparée par la publication d’un ouvrage récapitulant les traces de la grande œuvre de Mamadou Dia à la tête du Plan de développement initial et promoteur d’une éducation généralisée des adultes à travers l’animation rurale.
Parmi les interventions notoires de la séance de Paris, on peut mentionner la description initiale du déroulé des travaux par le Docteur Pape Sène, directeur général de la Fondation, suivie d’un exposé des grandes lignes de la politique de développement de Mamadou Dia par Roland Colin, qui fut son Directeur de Cabinet lors de l’étape cruciale du passage à l’indépendance.
Dans la suite, s’exprimèrent sur les différents champs d’intervention, notamment M. Bergeret, spécialiste de la décentralisation des opérations dans un champ intersectoriel et en assumant la problématique de l’évolution écologique.
Le professeur Ibrahima Faye, Recteur de l’Université de Bambey, déclina l’expérience des structures de recherche et de formation appliquées au monde rural. Quant à François Doligez, représentant l’Institut de Recherche et d’Application des Méthodes de développement (IRAM), auquel Mamadou Dia avait fait appel pour lancer l’animation rurale au Sénégal, il rendit compte de l’expérience de son institut pour la promotion démocratique du monde rural et de l’équilibre alimentaire.
De son côté, Michel Tissier, secrétaire général du Réseau International pour l’Économie Humaine, a longuement engagé dans une action de coordination internationale a marqué son intérêt pour un partenariat avec la Fondation. Pour sa part, le Professeur Richard Balme a parlé de l’utilité genre dans le développement de la mondialisation d’aujourd’hui.
Dans la conclusion, il fut rappelé la position de Mamadou Dia évoquant trois termes essentiels pour caractériser l’engagement de tout intervenant dans la stratégie participative : une conscience constante de l’orientation globale et des objectifs de la politique de développement dans son contexte ; puis l’acquisition et la mise en œuvre des compétences requises pour leur concrète réalisation ; enfin la cohérence entre les acteurs et les actrices de tous ordres qui y conduisent. Les travaux du colloque feront l’objet de rapports inspirants leur application et qui seront mis à la disposition des autorités responsables.
Correspondance particulière de Ciré Demba, à Paris.