GSDR 2023: L’IPAR, le RASA et SenRTT mobilisent des acteurs clés du développement durable

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Par D. Sidy Malick NDIAYE

L’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), en partenariat avec le Réseau sénégalais des think tanks (SENRTT) et le Rapport Alternatif sur l’Afrique (RASA), a organisé un webinaire de partage et de réflexions, ce mardi 18 juillet, sur la prise en compte des recommandations du rapport quadriennal mondial sur le développement durable 2023 au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. La conférence a été modérée par Dr Pape Abdoulaye Seck, ancien ministre de l’agriculture et ancien ambassadeur du Sénégal auprès du FIDA, de la FAO et du PAM à ROME.

Images et Vidéos: Mouhamed FICOU

A quelques années de l’échéance de l’agenda 2030, les signaux semblent être au rouge, au regard des faibles avancées notées sur certains indicateurs. C’est ce qui ressort de ce webinaire organisé à quelques mois du prochain sommet mondial sur les ODD (18 et 19 septembre 2023) et visant à vulgariser le processus du Rapport mondial sur le développement durable (GSDR) et à partager ses principaux messages.

« A partir de 2019, on s’est rendus compte qu’on n’était pas sur la bonne trajectoire pour atteindre les objectifs en 2030.  Malheureusement, il y a eu des chocs multiples dont celui de la Covid-19, les conflits internationaux, régionaux, tels que la guerre russo-ukrainienne en cours, sans oublier au niveau régional, les conflits au Sahel, la crise économique, etc. », a souligné Dr Ibrahima Hathie, économiste agricole, chercheur émérite à IPAR et membre du groupe indépendant de scientifiques (IGS) mandaté pour rédiger le rapport 2023.  «Toutes ces crises ont fait que pour certains ODD, on a même connu un recul», a poursuivi Dr Hathie. Selon l’expert, « actuellement, la question qui se pose, c’est comment accélérer la cadence afin d’avoir des chances d’atteindre les ODD en 2030 ». D’après lui, « si nous ne transformons pas les ODD, nous n’aurons aucune chance d’atteindre ces objectifs, même en 2050 ».

Même constat pour Dr Pape Abdoulaye Seck, ancien ministre de l’agriculture du Sénégal, qui reconnait qu’« il y a des reculs sur certaines questions, notamment celles liées à l’environnement ». Dr Seck tempère, toutefois, en soutenant que « cela pourrait être une opportunité ». En effet, pour lui, c’est l’occasion pour l’Afrique de « travailler à mieux combiner : science, politique et société ». Il a fait remarquer que « l’Afrique est un continent sous-peuplé de chercheurs avec une contribution de -1 % au capital de connaissances du monde comparé au Japon qui compte à lui seul 5500 chercheurs ». D’après l’ancien ministre, « le continent noir reste tributaire de soutiens extérieurs pour faire de la recherche ». Il invite, ainsi, à créer les conditions pour avoir « un nouveau type de chercheur, des chercheurs bâtisseurs ».

Au Sénégal, particulièrement, Dr Seck recommande de « revaloriser le conseil agricole et rural qui doit être le levier de la transformation et des compétences dans le secteur de l’agriculture ». Il faut également « renforcer l’ANCAR et l’accompagner à travailler avec la société civile ». « Le retour vers l’agroécologie, qui se trouve être une innovation, reste une sagesse pour nous » d’après Dr Cheikh Mbow, Directeur Général du Centre de Suivi Ecologique (CSE), qui insiste, par contre sur « un retour à nos pratiques », en matière d’agroécologie.

Sur la question de l’accès à l’énergie, Dr Mbow, dresse un état des lieux très peu reluisant. Il annonce que « Plus de 600 millions d’africains n’ont pas d’accès à l’énergie ou y ont accès par des cycles ou par moment de façon interrompue ». Il préconise de « renverser la logique pour que les ressources africaines profitent à l’Afrique ».

Quant à M. Yves Lamine Ciss, Maire de Mont-Rolland, il pense qu’il y a « un fort besoin de localiser les ODD pour atteindre le développement ». La base, selon lui « c’est l’agriculture ».

Les intervenants au webinaire, ont tous évoqué les modalités de prise en compte des problématiques propres au Sénégal et à l’Afrique de l’Ouest, de définir un agenda d’articulation des recommandations du Rapport aux politiques et stratégies nationales et régionales. Ils ont insisté sur la nécessité de contextualiser la mise en œuvre des initiatives pour tenir compte des réalités nationales.

Les six transformations nécessaires et les leviers à activer pour la réalisation des ODD

L’idée du Rapport mondial sur le développement durable (GSDR) remonte à 2012 lorsque les États membres de l’ONU jetaient les bases de l’Agenda 2030 pour le développement durable, à l’issue de la conférence Rio+20 organisée sur le thème « l’avenir que nous voulons ». En 2016, il est décidé que le rapport devrait être produit une fois tous les quatre ans, afin d’éclairer les délibérations sur l’examen quadriennal des objectifs de développement durable à l’Assemblée générale des Nations Unies. Il est rédigé par un groupe indépendant de scientifiques nommés par le Secrétaire Général de l’ONU. Le premier rapport a été publié en 2019, tandis que la parution du prochain rapport est prévue pour septembre 2023.

Le GSDR 2023 s’appuie sur les six transformations identifiées dans la stratégie mondiale de développement durable de 2019. Ces transformations ou points d’entrée sont : le bien-être humain et les capacités ; des économies durables et justes ; des systèmes alimentaires durables et une nutrition saine ; la décarbonation de l’énergie et un accès universel ; le développement urbain et périurbain ; et enfin la prise en compte d’un environnement commun mondial. Le rapport 2019 identifie également quatre leviers qui peuvent être déployés de manière cohérente à travers chaque point d’entrée pour apporter les transformations nécessaires. Il s’agit de la gouvernance ; l’économie et les finances ; l’action individuelle et collective et la science et la technologie. A ces quatre, il faut ajouter un levier émergent : les capacités. Si chaque levier peut contribuer individuellement à un changement systémique, le rapport recommande, toutefois, de les combiner, en fonction du contexte, afin de réaliser les transformations nécessaires pour équilibrer les dimensions du développement durable et réaliser l’agenda 2030.

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