Par Cheikh Seck Ndong
Au nom de l’instance de gouvernance de Dakar Science Po, la Grande Ecole Panafricaine de Science Politique, elle a adressé quelques mots de bienvenue, pour l’ouverture de ladite conférence.
Ainsi les panelistes ont fait voir que l’Intelligence artificielle marque une prodigieuse évolution des technologies de l’information et de la communication (Tic). « Le numérique et la transformation digitale constituent une clé de voûte et un enjeu majeur pour le devenir de notre humanité dont la maitrise, par nos soins, semble de plus en plus hypothétique », a-t-elle relevé.
Sur le thème: « Pourquoi l’intelligence artificielle doit- elle interpeler nos décideurs politiques? », les panelistes ont pris le soin de dire aux différents participants ce qu’est l’Intelligence artificielle; « une définition universellement qui n’est pas encore partagée ». La seule certitude consiste, a souligné Mme Aïdara, est qu’elle est fermement ancrée dans la transformation digitale qui est consubstantielle à sa naissance et son essor depuis les années 1940. « Elle renvoie aujourd’hui à un large éventail de disciplines, de technologies, de méthodes, de mise en œuvre de philosophies, d’interrogations et, surtout, d’appréhensions légitimes, justifiées ou non », a dit la Directrice générale.
Elle a rappelé que dans son approche, Stuart Russell, co-auteur du manuel de référence, « Intelligence artificielle: une approche moderne » la définit comme « l’étude des méthodes permettant aux ordinateurs de se comporter intelligemment ». Cela englobe des tâches inhérentes à l’apprentissage, au raisonnement, à la planification, la perception, la compréhension du langage et la robotique, la plaçant au cœur de la nouvelle révolution industrielle.
En effet, l’IA, est porteuse de progrès technologiques au point de bouleverser les sociétés et les économies, elle suscite une attention croissante des secteurs publics et privés, des chercheurs, de la société civile mais aussi de la communauté internationale et des décideurs politiques.
« Jamais l’intelligence artificielle n’a été autant au cœur des débats dans le monde, et l’Afrique n’échappe pas à cette tendance, ce pourquoi, notre devoir de vous inviter à cette réflexion », a relevé Mme Aïdara. Il est important, selon elle, de noter que l’IA progresse rapidement et devient un important levier dans les stratégies d’influence et de puissance.
Ceci vaut autant pour le hard power (applications militaires) que pour le soft power (impact économique, influence politique et culturelle, etc.). Les États-Unis et la Chine dominent le marché et imposent leur pouvoir. L’Europe est à la traîne et cherche à réagir en émettant de nouvelles règlementations. Quant à la situation de l’Afrique qui n’échappera pas à la sagacité des panelistes, elle est devenue un terrain de rivalité pour les «empires digitaux».
Les acteurs nationaux sont de plus en plus conscients des enjeux stratégiques, politiques, économiques, et militaires du développement de l’IA. Ils anticipent également son impact dans tous les domaines, notamment sur les élections, comme l’ont montré les interférences dans le scrutin présidentiel aux États-Unis en 2016, et dans le référendum sur le Brexit.
L’IA est d’ores et déjà devenu un outil de puissance et le sera de plus en plus, au fur et à mesure que ses applications, en particulier dans le domaine militaire, se développeront. A son avis, se focaliser exclusivement sur le hard power serait toutefois une erreur car l’IA influence indirectement ses utilisateurs à travers le monde culturel, commercial et politique. Ce soft power bénéficie surtout aux empires numériques sino-américains et pose des problématiques éthiques de gouvernance politique et économique majeure.
A ce propos , Henry Kissinger a exprimé son inquiétude en ce qui concerne l’IA dans The Atlantic en juin 2018, dans un article intitulé «How the Enlightenment Ends», où il explique que les sociétés humaines n’étaient pas préparées à la montée de l’IA. Sans la nommer explicitement, il dénonce l’impact de l’IA sur la campagne électorale américaine, en parlant de la capacité de ciblage de microgroupes, notamment sur les réseaux sociaux, et de la possibilité de brouiller le sens des priorités.
Si l’IA permet d’influer sur les électeurs dans les pays démocratiques, elle permet aussi, dans les États autoritaires, et même, itérativement en Afrique, de renforcer le contrôle sur les populations, pour ne donner que ces exemples. C’est donc le lieu de reconnaître que l’IA présente, à la fois des menaces avérées ou réelles et des opportunités exceptionnelles sur lesquelles les panelistes ont accepté d’apporter des éclairages qui atténueront les appréhensions des paricipants à la rencontre tout en leur apportant des réponses relatives à la problématique du sujet.