Par Cheikh Seck NDONG
Le professeur Idrissa Bâ a indiqué que l’objet de cet atelier consiste à présenter un outil très important pour les acteurs de la société civile intervenant sur les politiques de drogue. Cet outil, selon lui, leur permet d’avoir une idée par rapport à l’impact des politiques de drogue sur la société sénégalaise. De l’avis du psychiatre addictologie, il faut que des efforts soient faits dans le cadre de la réforme du code des drogues.
Vidéo et image: Mouhamed FICOU
En comparant la politique de drogue avec les autres politiques mais aussi avec celles ayant trait aux recommandations au niveau international, le psychiatre addictologie, Pr Idrissa Bâ, a expliqué que c’est un outil qui a été développé par un de leurs partenaires, le Consortium international des associations de la société civile en matière de politiques de drogue (Idpc). Ce partenaire a développé cet outil qui leur a permis de comparer le code des drogues au Sénégal par rapport aux autres pays, environ trente (30) dans le monde dont six (6) en Afrique.
L’évaluation, la mesure de cet indice appelé GDPI a montré que le Sénégal, en matière de respect de conformité par rapport aux recommandations internationales, occupe la dixième (10ème) place au niveau international. C’est le premier pays africain en matière de respect desdites recommandations. Cette position qu’occupe notre pays qui a été toujours un leader, se conforte Pr Bâ, entre dans le cadre de la prise en compte des problèmes de consommation de drogue.
Cependant, M. Bâ estime qu’il y a des efforts à faire sur plusieurs niveaux puis que cet outil repose sur cinq (5) composantes. Les deux (2) composantes se situent au niveau de justice pénale; c’est vrai qu’il y a des efforts à ce niveau pour que les peines soient proportionnelles, etc. Au niveau de la santé, les collaborateurs et lui savent qu’il y a des services de prise en charge, notamment le Cpia qui existe. D’autres sites ont été créés mais ce n’est pas encore partout au Sénégal.
Selon M. Bâ, il faut poursuivre les efforts dans le cadre de la décentralisation. Le manque de cadre juridique par rapport à la réduction des risques, pour la prise en charge des problèmes liés à la consommation de drogue, constitue aussi un autre aspect qu’il faudra développer. Le représentant du Centre de prise en charge des addictions de Dakar trouve qu’il y a un vide juridique par rapport à la réduction des risques dans le cadre de la lutte contre les drogues.
Sur recommandation du chef de l’Etat, il y a un processus qui est en cours depuis 2016 qui aboutira sur la mise en place d’un cadre juridique. M. Bâ a souligné qu’à ce niveau-là, il y a des efforts à faire. «Il y a aussi un vide par rapport au développement alternatif. Le Sénégal n’a pas pu aller au-delà des 53 points sur les 100 points demandés », a-t-il révélé.
A son avis, le développement alternatif consiste à faire en sorte que ceux qui s’investissent dans la production de drogue, qui est une activité illégale, puissent l’abandonner au profit d’autres activités légales; que ça soit au niveau de la production, du trafic ou de l’utilisation. «Les drogues, on en a besoin mais dans des cadres bien définis; la prise en charge du traitement, de la recherche scientifique, là où on a besoin de certaines substances.
«Si on continue à interdire de façon répressive, les scientifiques auront du mal à avoir accès à ces produits, aussi les malades de ces médicaments auront du mal à avoir accès à ça pour leur traitement», a ajouté Pr Bâ. D’où l’intérêt de cet atelier qui vise à partager les résultats de cet indice avec les acteurs de la société civile aussi pour que les citoyens, en général, puissent se l’approprier. A l’issue des travaux, des recommandations faites sont adressées à l’autorité qui va se charger de la mise en application.