Par Adama DIOP
Ce 07 octobre 2020, l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique (ATCA) a organisé un webinaire dont l’objectif était de d’échanger sur les voies et moyens pratiques pour relever le défi de la mise en œuvre effective de la lutte anti-tabac en Afrique.
C’était également l’occasion de désigner les lauréats des prix de la Journée mondiale sans tabac, d’identifier des pistes pour renforcer la collaboration entre les partenaires de la lutte anti-tabac, et les sources permettant la mobilisation de ressources locales pour la lutte antitabac et contrer les ingérences de l’industrie du tabac. L’ATCA a pu mobiliser des panélistes de haut niveau tels que M. Peter Enekwu-Ojo, Directeur exécutif de Cedar Refuge Fondation ; M. Wondu Bekele, Directeur exécutif de Cancer Society – Ethiopie ; et comme modératrice, l’experte en lutte anti-tabac, Mme Susie Mbouangouare, de Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF : African Capacity Building Foundation).
Globalement, les panélistes ont fait le constat que :
- Les expériences de la lutte anti-tabac ne sont pas bien capitalisées, d’un pays à l’autre. Il y a un faible taux de coordination de mécanismes de riposte, ainsi qu’un déficit de partage d’expériences. Malgré l’avancée notoire que constitue la création du Fonds unique pour la lutte anti-tabac ;
- Les processus d’élaboration de lois anti-tabac sont trop longs, et les manœuvres de l’industrie y seraient pour quelque chose ;
- Aujourd’hui, le potentiel de développement du continent est compromis par les maladies non transmissibles causées par le tabac et l’alcool, en grande partie ;
- Il y a toujours des résistances pour la mise en œuvre de la Convention cadre de lutte anti-tabac (CCLAT ). L’Ethiopie par exemple, a une des lois les plus fortes mais souffre de sa mise en œuvre. Il y est noté un faible taux d’engagement et un niveau assez faible de mise en œuvre de la convention cadre de lutte anti-tabac (CCLAT) ;
- Il y a un déficit en matière de politiques de suivi-évaluation des conséquences du tabagisme. Dans certains pays, elles sont même inexistantes. En général, Il y a peu de ressources dédiées aux stratégies de sevrage ;
- Une forte taxation des produits du tabac demeure le moyen le plus efficace pour empêcher la prévalence tabagique, malgré les arguments contradictoires de l’industrie du tabac, qui estime contribuer, grâce aux participations fiscales à et à l’emploi, à la constitution du capital des Etats ;
- Le tabac contribue pour beaucoup à la croissance de la morbidité et de la mortalité sur le plan mondial ;
- La prévalence tabagique est en train de croitre en Afrique. Aujourd’hui, on compte plus de 80 millions de fumeurs en Afrique.
- Malgré l’adoption de la CCLAT dans plusieurs pays africains, les progrès dans la lutte anti-tabac ont été ralentis par plusieurs facteurs.
Les discussions ont abouti à plusieurs recommandations parmi lesquelles :
- Il faut des actions audacieuses et des mesures importantes surtout des autorités politiques, pour surmonter les défis de la lutte anti-tabac en Afrique. Notamment dans la sensibilisation de la lutte anti-tabac, en orientant des systèmes de suivi évaluation en matière de lutte anti-tabac ;
- L’Afrique doit parler d’une seule voix et la jurisprudence du Kenya, avec une voix unique et l’unité de l’action des organisations dans la lutte anti-tabac, est là pour prouver que cela est possible ;
- Il faut s’organiser pour mobiliser des ressources. Il faut en effet beaucoup de ressources pour surveiller et dénoncer les manœuvres de l’industrie du tabac ;
- Il faut un plus fort engagement des gouvernements dans la lutte-anti notamment dans la sensibilisation et en orientant des systèmes de suivi-évaluation en matière de lutte anti-tabac ;
- L’implication des médias est déterminante, dans la sensibilisation autant que dans la dissémination des résultats en matière de lutte anti-tabac ;
Pour finir, les participants ont tous abouti à la même conclusion : la lutte anti-tabac en Afrique est un combat qu’on peut gagner.
