Par D. Sidy Malick Ndiaye

Il y a quelques jours, je me lève avec un sentiment de consternation en voyant le titre d’un journal local: « Faut-il brûler Air Sénégal ? ». Cette question choquante est justifiée par un simple retard sur un vol à destination de Paris. Pourtant, au même moment, d’autres compagnies aériennes ont également rencontré des problèmes opérationnels, mais curieusement, seul Air Sénégal est pris pour cible dans les médias et par certains de nos compatriotes.

Cette situation me rappelle une affaire relatée par Yves Barraud dans un article du 1er juin 2010. Un couple avait acheté des billets d’avion émis par Air France pour un voyage avec des vols assurés par Klm. Suite à l’annulation du vol Toulouse/Amsterdam, les clients ont subi un retard de 24 heures à leur destination, et la compagnie a perdu les bagages de la dame. Air France a initialement tenté de se défausser de sa responsabilité en invoquant la responsabilité de Klm en tant que transporteur effectif, mais le tribunal a finalement condamné Air France à rembourser intégralement. Pourtant, comme l’a souligné l’avocate Malika Lahnaït, « Une compagnie aérienne ne peut prétendre avoir le pouvoir de vendre et d’encaisser le prix des billets, pour ensuite se décharger de sa responsabilité lorsqu’elle est confrontée à une action en responsabilité. » Cette situation, qualifiée de « très habituelle » par Yves Barraud, met en lumière les pratiques controversées de certaines grandes compagnies aériennes.

Cette affaire a été largement ignorée par les médias et le grand public.

Pendant ce temps, un simple post sur TikTok intitulé « Air Sénégal depuis 3 jours, nous sommes à l’aéroport, sans boire, sans manger, ni couverture, ni de vol » a recueilli 1800 vues en une journée, avec 83 commentaires virulents et 156 partages. L’article de Barraud repris sur tourmag.com a été aimé par 49 000 personnes, lu 5537 mais commenté…1 seule fois par quelqu’un qui posait une question.

Cette situation me rappelle un rapport alarmant publié le mardi 25 juillet 2023 par l’Autorité de la qualité de service dans les transports (Aqst), qui a noté un niveau record de retards des avions en France en 2022. En effet, cette année-là, un avion sur quatre est arrivé en retard dans le pays. Cette tendance inquiétante s’est poursuivie en juin 2023, où plus de 500 vols d’Air Canada ont été soit annulés, soit retardés, en une seule journée. Les passagers d’Air France ont été bloqués à l’aéroport pendant 48 heures. Ceux d’Air Ivoire ont également rencontré des problèmes car leur avion est tombé en panne le dimanche.

Air Sénégal a pris en charge les passagers d’Air Ivoire. Il est important de noter que les passagers d’Air Sénégal ont été logés à l’hôtel par la compagnie.

Dans son article paru Le 25/07/2018 à 23h05 sur e360.ma, titré « La RAM épinglée par la Cour européenne pour ses retards », Fayçal Ismaili nous rappelait que les retards et annulations de vols de la RAM ont été à l’origine d’une décision de la Cour de justice européenne qui impose l’indemnisation des voyageurs. Et c’est la RAM qui est à l’origine de ce cas de jurisprudence.

Pourquoi ce silence sur les impairs, voire les injustices subies par les voyageurs d’autres compagnies ? Comme si Air Sénégal était la seule compagnie au monde à avoir des problèmes. Pourtant, tout le monde est d’accord pour dire qu’elle offre à bord une des meilleures qualités de service au monde. Cela ne vous étonne pas que malgré les cris d’orfraie, les bashing live, ces passagers continuent de remplir les avions d’Air Sénégal ?  Simple: tout le monde est d’accord pour dire qu’elle offre à bord l’une des meilleures qualités de service au monde. Les 250 passagers Dakar – Paris du mardi 5 mars 2024 qui ont fait un ban de félicitations à l’équipage, sont là pour en témoigner. Dans un avion loué à des Espagnols pour ne pas attendre le terme de la réparation de son propre aéronef. A coup de plusieurs millions. Sans compter la prise en charge hôtel. Pourtant, il y a 15 jours, Transavia a laissé des passagers à Dakar, non pas à l’hôtel, mais 48 heures à l’aéroport sans prise en charge. Qui en a entendu parler ?

Le Sénégal ne fabrique pas d’avion, et n’en répare pas à grande échelle. Si un petit doute s’installe sur la partie technique de l’avion, préserver la vie des passagers ne vaut-il pas un report ou un retard pour être sûr ?

Cette vérité doit nous pousser à réfléchir sur le traitement inéquitable réservé à Air Sénégal. Il est temps de mettre fin à cette injustice médiatique et de soutenir notre compagnie aérienne nationale. Air Sénégal mérite notre confiance et notre solidarité.

Avec presque une trentaine de destinations, Air Sénégal est une ambassade volante. Laquelle de nos ambassades ou consulats fait des bénéfices ? Qui n’a pas été fier de voir les couleurs du Sénégal dans les aéroports étrangers ? Pourquoi le gouvernement du Sénégal actuel et à venir ne soutiendrait-il pas cet ambassadeur ? Comme on le fait avec les sportifs, autres ambassadeurs. On se souvient du large sourire d’Alassane Ouattara dans l’avion, lors de l’inauguration du nouvel Airbus A320 de Air Côte d’Ivoire, lors d’une escale à Ouagadougou, en 2017. Sollicité par plusieurs de ses homologues souhaitant voir atterrir des avions ivoiriens dans leurs pays respectifs.

 

 

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