03 septembre 2021

Au départ, c’était un petit trou, d’un centimètre à peine, qu’une petite couche de bitume aurait pu boucher. Mais, un premier véhicule est passé dessus, l’agrandissant de quelques millimètres, un second véhicule en a fait de même, suivi d’un troisième, d’un quatrième, ainsi de suite. Au fil des jours, le petit trou s’est agrandi. L’hivernage est arrivé, il s’est élargi davantage sous l’action combinée des eaux de ruissellement et des roues des véhicules qui en érodent les parois.
Les automobilistes soucieux de ménager les suspensions de leurs véhicules se mettent à slalomer pour l’éviter, au risque de créer des accidents ou des embouteillages1.

Par opportunisme, quelques charretiers Sérères déversent des gravats dans le trou, non pas tant pour venir au secours des automobilistes que pour éviter les longues distances devant les mener à la décharge. Les automobilistes apprécient positivement leur initiative et poussent un ouf de soulagement jusqu’à ce qu’une pluie vienne diluer les gravats, réduisant le trou en un cloaque de boue et d’immondices qui leur fait regretter l’état initial du trou.
Le petit trou devenu grand commence à barrer une partie de la voie, puis toute la chaussée. La route devient impraticable. C’est alors que des ouvriers sont dépêchés sur les lieux pour réparer les dégâts.
Au vu de leur effectif, des engins mobilisés et des matériaux mis en place, on peut, sans risque de se tromper, faire l’hypothèse que les dépenses que requiert le bouchage du trou seront beaucoup plus élevées que ce qu’elles auraient pu être si on s’y était pris avant.
Cette chronique nous apprend au moins deux choses. La première est que nos routes sont mal faites puisqu’un simple petit trou peut rapidement évoluer en un grand trou au point de perturber la circulation normale des véhicules2.
La seconde est que la politique de maintenance de la qualité de nos infrastructures est pour le moins défaillante. L’administration centrale et les communes attendent souvent que les choses se dégradent complétement pour réagir, malgré l’existence depuis 2009 d’un Fonds d’entretien routier autonome (FERA). Ceux de ma génération en arrivent presque à regretter l’ancienne direction des Travaux publics qui intervenait instantanément pour boucher les trous dans les rues de nos communes.
L’une des conséquences de cette situation est que nous dépensons beaucoup de ressources qui auraient pu être économisées pour d’autres investissements. Notre développement se trouve ainsi hypothéqué par un mode de gestion qui fait beaucoup plus dans la réaction que dans l’anticipation.
A Mouhamed Bâ, avec mes encouragements

*B. DIAO
Consultant 
bdiao349@gmail.com
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Adresse : 638 HLM Gd Yoff-Dakar – Tél. 77 657 42 40
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1. Au moment où nous écrivions cette chronique (hivernage 2021), un petit trou, devenu grand comme un cratère au rondpoint du Cap des Biches (sortie des camions Maliens) faisait subir le calvaire aux automobilistes venant du rond-point Keur
Massar.
2. Le Président Wade avait fait de cette question son cheval de bataille en imposant aux compagnies de BTP agréées des
normes visant à augmenter de façon conséquente l’épaisseur de la couche du revêtement de nos routes.

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