La digitalisation de la santé en Afrique, un défi vital – Par Elhadji Babacar Fall

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Spécialisé dans l’informatique médicale ces dernières années, El Hadj Babacar Fall se bat au quotidien pour la digitalisation de la santé en Afrique. C’est d’autant plus important que l’an dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé a réuni d’éminents experts pour établir un plan d’action. L’objectif: accélérer l’utilisation des technologies numériques pour répondre aux besoins des populations. Seulement, avant de multiplier les solutions de e-sante qui foisonnent en Afrique, faudrait-il tout d’abord se conformer aux standards internationaux. Le Sénégalais sait de quoi il parle pour avoir étudié et travaillé pendant longtemps aux Etats-Unis, pays rénommé en matière de sécurité digitale. La fonctionnalité doit être assurée autant que l’intégrité des données ainsi que leur confidentialité sans altérer les facilités d’utilisation pour le personnel médical.

Son système d’information médical satisfait parfaitement ces critères pour avoir été certifié au pays de l’Oncle Sam en 2012. Depuis, il s’est fait une solide réputation en Afrique: le Maroc, la Côte d’Ivoire et bien entendu, le Sénégal. Ce grand connaisseur du domaine éprouve une certaine fierté après que les autorités sénégalaises ont validé et adopté son système d’information médical utilisable aujourd’hui dans les hôpitaux, cliniques et tout autre établissement sanitaire désireux de surfer sur le digital. L’expert est convaincu que la sensibilisation est nécessaire pour convaincre de l’utilité des technologie au service de la santé. “Nous devons prendre davantage conscience de l’importance du numérique et de sa plus-value dans nos sociétés”, dit-il.  En raison de l’impact démontré de l’expertise, la solution est implantée à l’hôpital Principal de Dakar et à l’hôpital militaire de Ouakam. A l’en croire, ce dernier établissement sanitaire va être le premier à être 100 % numérisé en Afrique de l’Ouest avec tout l’hôpital interconnecté.

Un logiciel de gestion multifonctionnelle

La technologie qu’ El Hadj Babacar Fall met à la disposition des personnels de santé et des directions permet de prendre en charge plusieurs volets du travail. Il permet de numériser les factures, gérer le stock d’une pharmacie ou encore digitaliser le dossier patient. Ce point est d’une grande importance aux yeux du spécialiste persuadé que l’utilisation de la technologie dans la santé permet de gagner du temps, garantir une meilleure transparence et économiser d’importantes ressources financières. Par ailleurs, la transparence dans la gestion de la santé ne cessera d’être une priorité dans la mesure où ce sont de gros marchés qui sont en jeu. Le cabinet d’études Merrill Lynch estimait le marché global de la santé en Afrique en 2016 à plus de 17 mille milliards de francs CFA. Qu’il s’agisse de la fabrication et de la distribution de médicaments, des infrastructures, de la fourniture de soins, de la formation ou encore des assurances, l’ampleur des gains possibles pour les différents acteurs ne vaudrait absolument pas grand-chose si la transparence n’est pas au rendez-vous.

Un marché commun africain

En tenant compte du respect des standards internationaux et de l’adaptation des solutions proposées aux Africains, El Hadj Babacar Fall ne ménage jamais ses arguments pour un marché unique dans le domaine de la santé. C’est si crucial de son avis que les expertises locales doivent tisser des relations en vue de mieux communiquer. Une préoccupation qui ne trouverait sûrement aucune peine pour rejoindre la préoccupation du directeur opérationnel d’Ecobank Foundation. Dans une tribune publiée en 2019, Carl Manlan se désolait des montants investis dans l’importation de produits pharmaceutiques coûtant chaque année quelques 8400 milliards de francs CFA alors qu’une production locale aurait non seulement permis d’éviter ça, mais aiderait surtout et davantage à créer 16 millions d’emplois. D’un autre côté, il se disait peu fier des faibles enveloppes dédiées aux dépenses en santé en Afrique ne représentant que 2 % des dépenses mondiales dans le domaine estimées à 5820 milliards de francs CFA, «malgré le fait qu’elles représentent 16 % de la population mondiale et 26 % du fardeau mondial des maladies». Puis il poursuit: “Une production locale aurait tellement résolu beaucoup de problèmes”, appuie le patron d’Ecobank Foundation convaincu qu’il faut mobiliser les intervenants du secteur privé pour accroître les investissements en dépense de santé sur le continent. Une réflexion qui rejoint celle d’El Hadj Babacar Fall. Selon ce dernier, la mise au point d’un marché africain commun dans le domaine de la santé serait une réelle aubaine pour les populations. Espérons qu’il ait raison pour le plus grand bonheur des populations.

 

Source: F.A.

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